L'ouvrage ici réédité a été écrit en 1984, au cours d'un séjour de travail au japon, dans des conditions idéales d'observation du monde sinisé. Trente ans plus tard, après tant de changements intervenus sur toute la planète et en particulier dans le paysage de cet Occident du Pacifique qui continue d'être la zone la plus dynamique du globe, c'est un nouvel ouvrage qui s'imposerait. Quelle peut être l'utilité de cette réédition ? Celle d'un arrêt sur image permettant de jauger d'un coup d'œil, rétrospectivement, le chemin parcouru. Parcouru, me semble-t-il, précisément dans le sens de l'émergence de plus en plus manifeste de ce nouveau monde sinisé qui pourrait bientôt compter au moins autant, dans le siècle, que le vieil Occident de l'Eurasie, y compris sa moins vieille extension américaine. Pour guider ce coup d'œil, à défaut d'un nouvel ouvrage, j'ai ajouté au texte réédité une postface résumant l'évolution la plus récente du monde sinisé. Que l'on prenne garde qu'il s'agit d'un monde qui réémerge, nullement d'une nouvelle entité politique en formation; et l'on évitera le contresens de prendre la relative absence de cohésion politique de l'Asie orientale pour déni de facto du phénomène considérable que constitue la réactivation par un quart de l'humanité, sous les caractères acquis d'une modernité venue d'Occident, de ses propres gênes de civilisation.