La politique étrangère du Cambodge 1945-2020
Raoul Marc JENNAR
Le Cambodge fut, pendant la seconde moitié du XXe siècle, le théâtre d'une des plus grandes tragédies du XXe siècle. Il est important de connaître les circonstances qui ont conduit à cette tragédie d'une ampleur exceptionnelle, découvrir comment la volonté de neutralité et de non-alignement d'un peuple en quête de sécurité fut niée au point de le plonger dans la pire des catastrophes. Ces faits raisonnent aujourd'hui d'une manière particulière alors que, sur nombre de dossiers, le Cambodge est, une fois de plus, pressé de choisir un camp. Pour son malheur, le Cambodge dès l’indépendance acquise en 1953, devint, malgré lui, l'épicentre de conflits de différentes natures : appétits territoriaux des voisins, conflit entre les deux centres du communisme mondial, conflit entre les deux grands impérialismes qui entendaient contrôler le monde. Pressentant les dangers, il tenta d'y échapper. Toute la politique étrangère de ce petit pays fut tendue vers la protection de son intégrité territoriale et de sa neutralité. Avec des succès, mais surtout des revers. Jusqu'au coup d'État du 18 mars 1970 qui ouvrit une décennie de l'horreur au terme de laquelle le pays et son peuple furent ramenés à l’âge de pierre. La lente renaissance qui a suivi, malgré douze années d’embargo, fut marquée par les Accords de Paris qui ont permis la réintégration du Cambodge dans la communauté internationale, son adhésion à l’ASEAN et le déploiement d’une politique étrangère moderne, dans un contexte international tendu. Connaitre l'histoire de la politique étrangère du Cambodge est le meilleur moyen de comprendre les enjeux dont il est aujourd'hui l'objet. Raoul Marc Jennar, diplômé des universités belge et française, est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et en études khmères délivré par l’Institut des Langues et Civilisations Orientales (Langues ’O) de Paris suite à une thèse consacrée aux « Frontières du Cambodge contemporain ». Auteur de plusieurs livres et de très nombreux articles sur le Cambodge, il a été, dans ce pays, consultant auprès de l’Autorité provisoire des Nations Unies, puis de l’UNESCO et ensuite de l’Union européenne. Il a été consultant auprès du Gouvernement cambodgien pour les questions de frontières et expert de l’ONU auprès du tribunal chargé de juger des dirigeants du régime de Pol Pot. Au Cambodge, qu’il visita pour la première fois en 1989 et où il vit désormais, il enseigne l’histoire de la politique étrangère de ce pays, à l’Institut national de la Diplomatie et des Relations internationales.